Edition spéciale

En cette période de fête-ta-mère, fête-ton-père, je ne pouvais rester insensible. Il fallait rendre hommage aux héros, ces prolétaires discrets du bonheur, travailleurs de l'ombre qui s'emploient chaque jour à rester dignes et propres.

Ce billet leur est donc consacré, avec deux interviews exclusives et inédites.

Commençons naturellement par la figure paternelle, pilier du foyer et balise intellectuelle.

Zoé : salut
J. : mmhhmmm, grounpf ?!!
Zoé : oh, oh, salut. On est en direct là !
J. (passablement grognon) : RRaahhh, CHUT !
Zoé : tu dois dire un truc, c'est ton témoignage pour la planète
J. (manifestement endormi) : zzzzZZZZZ
Zoé : un dernier mot sympa ?
J. : ouais, on cherche un marchand de sable. C'est pénurie sur le marché actuellement. Mais on veut un vrai de vrai avec diplôme et tout, pas un charlatan. Vas-y file, va voir ta mère.

La balise a coulé à pic. Juste à cause d'une toute petite blague. Pour la fête-ton-père, je souhaitais un hommage digne du bonhomme : une petite folie en pleine nuit. Pas sûr qu'il ait vraiment apprécié le concept surprise, puisque j'ai du faire la bernique 2 heures, accrochée en écharpe à un mollusque qui avait décidé de battre le record du monde de marche indoor sans éclairage. Le gastéropode a été déclaré en mort cérébrale à l'aube. Dire que quelques heures plus tôt, l'impertinent faisait le fier...

Passons donc au côté protecteur et serein de la mère.

Zoé : toi au moins tu es réveillée. Un truc à dire à mon public ?
Mère Courage : à quel sujet ?
Zoé : Sur tes premières impressions de la maternité, c'est magnifique non ?
M.C. : oui, c'est plein d'expériences insolites : les chuchotements passés 22 heures avec l'oreille collée à la porte, le slalom entre les ploucs qui toussent dans le métro, les contenus de couches, les pannes de poussette, le prix de la bouffe bio pour les bébés-bobo

Zoé : des choses plus positives ?
M.C : : le stress ?
Zoé : non, des trucs joyeux, sur le thème "être mère, ça vous libère"
M.C. : J'vois pas. Ah si, ça libère des hormones de stress
Zoé : dépressive ?
M.C. : pas loin
Zoé : ok, ok, je te laisse tranquille. Prends ta tisane, je repasse plus tard.

Faute de vrais talents et désireuse de maintenir une certaine qualité éditoriale, je dois écourter la rencontre. Non sans préciser que les candidatures de marchand de sable doivent m'être adressées directement. Couche-tôt, têtes de tueur et mous de la blague s'abstenir.